Éducation
Le rapport visant à dresser le bilan des réformes menées en matière éducative au cours de ce quinquennat, mené aux côtés de mes collègues sénateurs Max Brisson (LR) et Annick Billon (UDI) a suscité un fort écho médiatique depuis sa publication le 23 février 2022.
Ce rapport adopté dans une logique transpartisane articulé autour de six axes (lien entre école et société, instruction obligatoire à trois ans, développement de l’école inclusive, priorité donnée au primaire, réforme du lycée et attractivité du métier d’enseignant), aboutit à un constat sévère : celui de politiques publiques souvent mal accompagnées et menées dans la précipitation.
Trois problématiques principales ressortent : une confiance brisée entre la communauté éducative et son ministre ; un manque de formation pour les enseignant·e·s, ainsi qu’une rémunération insuffisante ; l’inadéquation entre les besoins pour mettre les réformes en place et les moyens humains disponibles. Nous avons aussi souligné l’impact de certaines mesures sur les collectivités, notamment les coûts engendrés par l’abaissement de l’âge d’instruction obligatoire à trois ans.
Espérons que le prochain ministre de l’Éducation nationale tienne compte de ces alertes et de l’attention porté à ce rapport pour s’emparer de ses 36 propositions, et qui sont autant d’outils pour donner à l’école de la République un avenir durable et solide !
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Il y a quelques mois, j’ai été nommée comme membre du conseil d’évaluation de l’école. Née lors de la loi dite pour “ l’école de la confiance”, cette instance, dont je m’étais opposée à la création, a pour principales missions :
- la mise en œuvre de l’évaluation des établissements scolaires
- l'analyse des évaluations du système scolaire et des modalités d’évaluation des élèves
- l’animation et enrichissement du débat public autour des évaluations
Lors de la première réunion de l’instance où j’ai été conviée, j’ai exprimé mes préoccupations sur la charge de travail que représente le processus d’évaluation des établissements pour les personnels de ces derniers ainsi que sur les suites qui seraient données à ces évaluations.
A l’heure de leur généralisation à l’ensemble des établissements, et où le président de la République entend rendre public les évaluations du niveau des élèves, ces doutes sont plus que jamais d’actualité.
Mercredi 15 décembre, à l’occasion de la séquence de questions au Gouvernement, j'ai interpellé Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, sur les problèmes de non-remplacement des enseignants en école primaire.
Tout récemment, j'ai été sollicitée par des élus et des parents d’élèves de l'école de Saint Gervais sur Roubion, inquiets de l’accumulation de 11 jours sans remplacement. Cette situation est malheureusement similaire à de nombreux cas, dans la Drôme comme partout en France.
Une situation difficile qui n’est pas sans conséquence pour l’apprentissage de nos enfants, et qui s’explique mécaniquement par l’insuffisance de création de postes pour répondre aux objectifs de dédoublement en REP et REP+ et d’augmentation des décharges horaires souhaités par le ministre : des mesures intéressantes, mais qui nécessitent de créer des postes en conséquence, sans quoi des manques apparaissent ailleurs.
La réponse du Ministre, évoquant tour à tour la formation continue des enseignants et la dimension conjoncturelle de la crise Covid comme seuls facteurs explicatifs, témoigne que le problème n’a pas été pris à sa juste mesure. La situation risque pourtant de s’aggraver à la rentrée prochaine, aucune création de poste n’étant prévue pour le premier degré !
J'ai appelé à entendre le ras le bol de celles et ceux qui œuvrent au quotidien, sur le terrain, pour faire vivre l’école de la République, en créant les postes nécessaires au bon fonctionnement des établissements.
Nous avons eu l’occasion de débattre en décembre au Sénat des politiques à mener pour l’éducation et la jeunesse.
J’ai souligné lors de mon intervention la vision libérale et inégalitaire de l’école à l’œuvre au cours de ce quinquennat (fragilisation de l'école publique, suppressions massives de postes dans l’enseignement secondaire et dans l’enseignement agricole, mise en œuvre de Parcoursup, qui s’inscrit dans une logique de sélection accrue et dépersonnalisée …) et les relations très dégradées entre le ministre et les membres de la communauté éducative.
Tous les indicateurs le prouvent : il est urgent de redonner corps à la promesse républicaine au sein de notre système scolaire. Cela nécessite une ambition renforcée en matière de mixité sociale, et des moyens à la hauteur des enjeux, aussi bien pour assurer de bonnes conditions d’apprentissage à tous les âges que pour allouer aux professeur.e.s une rémunération à la hauteur de la tâche !
L'examen de la proposition de loi créant la fonction de directeur et directrice d'école s'est définitivement achevé le 25 novembre 2021, à l'occasion de l'adoption des conclusions de la commission mixte paritaire.
Je suis revenue lors de mon explication de vote sur les nombreuses difficultés rencontrées au quotidien par les directeurs et directrices d'écoles : manque d'aide administrative et matérielle, de temps de décharge pour concilier missions d'enseignement et direction, formation insuffisante...
Si la version finale de ce texte comporte quelques avancées, les réponses apportées aussi bien sur les temps de décharge que sur l'aide administrative et matérielle apparaissent en revanche comme insuffisantes.
Leurs revendications sur ces points sont pourtant connues de longue date, tout comme leur opposition à l'affirmation d'un statut spécifique et d'une position d'autorité vis à vis de leurs collègues.
A rebours de ces attentes, la droite sénatoriale, a fait le choix, avec l’appui du gouvernement, d'introduire et de maintenir au fil de l’examen de ce texte la notion d'autorité fonctionnelle, aux contours et à la portée mal définis, et de nature à fragiliser le fonctionnement collégial de l'école primaire auquel nous sommes nombreux à être très attachés.
Je me suis par conséquent prononcée contre cette proposition de loi, confirmant mon vote des première et deuxième lectures.
La mission d’information sénatoriale « L’enseignement agricole, outil indispensable au cœur des enjeux de nos filières agricoles et alimentaires » a rendu ses conclusions le 15 octobre 2021, marquant la fin de plusieurs mois d’auditions et de déplacements sur le sujet.
L’un d’entre eux s’est d’ailleurs déroulé dans notre département de la Drôme et fut l’occasion de visiter, aux côtés de la rapporteure Nathalie Delattre, trois établissements agricoles publics, qui préparent chacun à leur manière l'avenir de notre agriculture : le site de l’Unité Expérimentale Recherche Intégrée de l’INRAE, le lycée horticole terre d'horizon Romans et le lycée le Valentin Bourg Les Valence 26.
Fort de 45 propositions, notre rapport sénatorial appelle à une véritable « transition agro-politique » afin de redonner une stratégie et des objectifs clairs à l’enseignement agricole, d’autant plus indispensable dans un contexte de renouvellement des générations et de transition écologique.
A l’heure où la survie même de l'enseignement agricole est remise en cause par les coupures budgétaires et des suppressions de postes successives opérées par le gouvernement depuis 2017, nous espérons que l'exécutif entendra les alertes du Sénat et mettra en œuvre les moyens nécessaires pour préserver cet enseignement d’exception, pépite de nos territoires.
Pour consulter le rapport
Le nombre de nouveaux postes attribués au département de la Drôme pour la rentrée 2021 est tombé : zéro poste, comme en Ardèche et en Savoie. C’est historique, ce n’était encore jamais arrivé auparavant. Il s’agit donc, à moyens constants, d’appliquer les directives du Ministre, c’est-à-dire de parvenir à dédoubler les classes de grande section, de CP et de CE1 en zone REP et REP+ et de dégager le nombre de postes nécessaire pour créer des décharges pour les directeurs et directrices d’écoles.
La Sénatrice Marie-Pierre MONIER l’a rappelé au Ministre lors de l’examen du Projet de Loi de Finance 2021 : ce sont de bonnes mesures, mais elles doivent s’accompagner de moyens supplémentaires dédiés. Elle avait exprimé son inquiétude que, sans cela, leur mise en place se fasse au détriment du secondaire ou d’autres écoles primaires. Elle regrette que l’application pratique lui donne raison.
Nécessairement, la conception de la carte scolaire 2021-2022 se fait dans la douleur. Les services drômois de l’Éducation Nationale font de leur mieux. Mais ils ne peuvent pas parvenir à une solution satisfaisante dans ces conditions : à l’impossible, nul n’est tenu.
Le prix à payer est donc très lourd : en l’absence de dotation supplémentaire, on prévoit plusieurs dizaines fermetures de classe, ainsi que le renoncement à plusieurs ouvertures nécessaires, pour dégager le nombre de postes nécessaires ailleurs dans le département. Marie-Pierre MONIER a écrit au Ministre de l’Éducation Nationale pour lui demander de réexaminer à la hausse cette dotation : alors que le contexte sanitaire actuelle renforce les difficultés de beaucoup d’élèves, c’est indispensable pour permettre à tous nos enfants, peu importe leur territoire d’origine, d’apprendre dans de bonnes conditions. C’est l’ambition de notre école de la République : elle mérite qu’on lui en donne les moyens.