Éducation
20 ans après la loi de 2005, le Parlement était saisi d’une proposition de loi visant à renforcer le parcours inclusif des enfants à besoins éducatifs particuliers.
Cheffe de file pour le groupe socialiste sur ce texte, j'ai souligné lors de la discussion générale, la multiplication des signaux d’alertes sur l'avenir de l'inclusion : manque de personnels dédiés, délais d’attentes douloureux pour les familles, augmentation des risques psycho sociaux des personnels éducatifs...
Or, si elle comporte des petites avancées, à l'instar du livret de parcours inclusif, de la formation des personnels, ou de la mise en œuvre des notifications des MDPH (Maison Départementale pour les Personnes Handicapées), cette proposition de loi, lacunaire, est loin d’être à la hauteur des enjeux, et n’offre aucune garantie sur l'allocation de moyens humains à la hauteur ou encore sur l'amélioration de la reconnaissance des accompagnant·es d'élèves en situation de handicap (AESH), chevilles ouvrières de l’école inclusive.
Je regrette par ailleurs la généralisation précipitée des pôles d’appuis à la scolarité (PAS), sans recul suffisant sur leur efficacité : nous avons obtenu lors de la commission mixte paritaire (CMP), grâce à l'adoption d’un amendement porté par les socialistes, la suppression de cet article et continuerons à nous mobiliser contre son extension à marche forcée.
Programme riche en audition dans le cadre de notre rapport Femmes et sciences mené au sein de la Délégation aux Droits des Femmes et dont je suis co-rapporteure, pour encourager la présence des filles et femmes dans les études et carrières scientifiques.
Nous avons notamment échangé au cours des dernières semaines avec :
- Cédric Villani, mathématicien extraordinaire, mobilisé depuis de longues années pour rendre sa discipline plus accessible au grand public
- Laura Chaubard, directrice générale de l'École polytechnique
- des représentants d'associations d'élèves et anciens élèves de grandes écoles scientifiques
- Clémence Perronnet, sociologue des sciences rattachée au Centre Max Weber et auteure d'une thèse sur la culture scientifique des enfants en milieux populaires et Pauline Martinot, médecin et docteure en neurosciences et auteure d'études sur le décrochage des filles en mathématiques dès le CP
- des représentantes de syndicats de professeurs des écoles
- des acteurs engagés pour objectiver et lutter contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) dans les études et carrières scientifiques
- des femmes scientifiques expertes à l'occasion de déplacements à l'Institut des cancers féminins de l'Institut Curie et sur Plateau de Saclay
Nos auditions se poursuivent dans le cadre de notre rapport Femmes et sciences mené au sein de la Délégation aux Droits des Femmes et dont je suis co-rapporteure.
Nos interlocuteurs et interlocutrices au cours des dernières semaines :
- Sylvie Retailleau, ancienne ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche et présidente de l'Université Paris Saclay-PSL.
- Charlotte Jacquemot, chercheuse au CNRS et auteure de l’étude "Ressenti et discriminations de genre : ce qui freine la féminisation des filières scientifiques"
- Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l'Éducation nationale, à l'origine de la réforme du baccalauréat de 2019 à l'impact significatif sur la formation scientifique des jeunes filles
- Plusieurs représentant·es de grandes écoles scientifiques, spécialisées dans l'ingénierie ou la recherche
Parmi les points évoqués : les bonnes pratiques à mettre en œuvre pour initier les jeunes aux sciences et lever les stéréotypes de genre associés à ces disciplines, à l'instar de la création d'une maison d'initiation et de sensibilisation des sciences, la pertinence d'éventuels quotas pour garantir une meilleure représentation des femmes dans l'enseignement supérieur scientifiques, les meilleures manières d'encourager et de faciliter la progression des carrières des femmes scientifiques...
Notre commission culture et éducation était en visite ce mercredi au Paris centre de recherche cardiovasculaire de l'Inserm : l'occasion d'échanger avec les équipes de recherche qui se mobilisent au quotidien pour découvrir les solutions de demain pour prévenir et soigner les maladies cardiovasculaires, deuxième cause de mortalité en France.
Si leur travail, qui s'inscrit dans une approche multidisciplinaire et articule recherche fondamentale et appliquée, est reconnu pour son excellence au niveau national et international, il n'échappe pas, à l'instar de l'écosystème de l'enseignement supérieur et de la recherche dans son ensemble, à la problématique du manque de moyens : notre pays doit renforcer ses efforts d'investissement dans ce domaine !
J'ai interrogé lors des questions aux gouvernement la ministre de l'Education nationale sur les difficultés de préparation de la rentrée scolaire :
Dans plusieurs départements, les fermetures de classes et d'école apparaissent comme brutales, alors même que le maintien des 4 000 postes enseignants à l'issue du budget avait suscité beaucoup d'espoirs.
Si des moyens supplémentaires sont dégagés pour l'inclusion scolaire, ils restent insuffisant dans un contexte où le nombre d'élèves par classe, notamment dans le 2d degré, pour assurer un bon accueil des élèves en situation de handicap .
Les réactions de mes collègues dans l'hémicycle attestent des préoccupations qui remontent de nombreux territoires !
Depuis le début de l'année, nous menons avec mes collègues socialistes un groupe de travail interne sur la thématique de l'inclusion scolaire pour faire le point 20 ans après la loi de 2005.
Nous avons auditionné jusqu'ici des :
- collectifs AESH
- représentants des parents d’élèves en situation de handicap
- coordonnatrices d’Unité Localisée d’inclusion scolaire (ULIS)
- représentants syndicaux de directions et des personnels enseignants
Des constats communs se dessinent au fil de nos échanges : insuffisance de moyens humains pour accueillir dans de bonnes conditions l'ensemble des élèves en situation de handicap, fortes disparités territoriales dans les réponses apportées, progrès encore nécessaires pour l'accessibilité du bâti scolaire...
Les conditions d'exercice précaires des AESH reviennent également régulièrement au cœur de nos débats ainsi que la nécessité de sécuriser davantage les conditions d'emploi et de recrutement de la deuxième catégorie de personnels de l'Education nationale.
Examen riche hier matin de la proposition de loi de Laurent Lafon visant à protéger l'école de la République et les personnels qui y travaillent, issue des travaux de la mission d'information sur les menaces et agressions dont les enseignant·es sont victimes.
Nous avions toutes et tous à l'esprit la mémoire de Samuel Paty et de Dominique Bernard : principale mesure de ce texte, l'automaticité de la protection fonctionnelle en cas de menaces ou violences subies par les enseignants est une mesure salutaire qui devrait permettre à l'avenir de mieux garantir les sécurité des personnels éducatifs confrontés à de telles situation. Autre avancée à souligner, la faculté allouée à l'administration de déposer plainte à la place de ses personnels.
L'adoption unanime de ce texte par le Sénat montre notre attachement collectif à mettre en œuvre tous les leviers possibles pour protéger celles et ceux qui œuvrent au quotidien pour éduquer nos enfants : nous serons vigilants à la poursuite de la navette parlementaire de ce texte à son application effective par la suite.